0,8 %. Ce chiffre, sec et sans fard, résume d’un trait l’économie française version 2023. La croissance du PIB a marqué le pas, nettement à la traîne derrière la moyenne de la zone euro. L’Insee a dû corriger ses prévisions pour 2024 : pas de redécollage, même si l’inflation perd enfin de sa vigueur. Un point étonnant : la Banque de France note un investissement privé plus solide qu’attendu, là où les ménages jouent la sécurité. Les taux d’intérêt élevés refroidissent la consommation, et cela se sent.
Industrie et construction restent sous pression, l’élan attendu s’est transformé en attente suspendue. Incertitude persistante, révisions à répétition des organismes économiques, la conjoncture ne rassure personne. Les secousses énergétiques et géopolitiques pèsent, et les prévisions pour 2025 restent marquées par la prudence, pour ne pas dire un certain scepticisme.
Où en est l’économie française à la veille de 2025 ?
Face à l’approche de 2025, il faut bien regarder les chiffres en face : l’économie avance avec précaution. Les prévisions tablent sur une croissance du PIB comprise entre 0,5 % et 0,7 %. On ne parle pas d’essor fulgurant. Vide d’air sur la consommation des ménages également, cette force motrice qui s’essouffle franchement. Après une progression modérée d’1 % espérée en 2024, il faudra se contenter de 0,7 % supplémentaire en 2025. Ce rythme modéré n’équilibre plus les autres faiblesses.
Regardons le pouvoir d’achat : il avance à petits pas (+0,7 % en 2025), loin du rebond observé cette année. Les salaires réels tentent de rattraper le coup, sans y parvenir pleinement. Et pendant que les ménages gardent leur épargne bien haut (18,2 %), la prudence domine. Principalement chez les retraités, qui arbitrent en faveur de la prévoyance. Conséquence directe : l’investissement privé repart à la baisse. Quelques chiffres traduisent cette tendance :
- -0,6 % pour les particuliers
- -0,8 % pour les entreprises
- -0,6 % pour les administrations publiques
Le déficit public n’est pas à la fête : près de 6 % du PIB. Un niveau qui relègue la France devant l’Italie sur la question, ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps.
Côté emploi salarié, la dynamique tourne court. On attend la suppression de 210 000 postes sur cinq trimestres d’ici fin 2025. Le taux de chômage retrouverait son élan… à la hausse : 7,7 % prévu à l’horizon 2025. L’apport du commerce extérieur, lui, reste négatif et ampute la croissance de 0,7 point. Reste une petite lueur : l’inflation devrait amerrir autour de 1 % à la fin de l’année prochaine, réduisant la pression sur le porte-monnaie des ménages… mais sans déclencher de vague d’investissement pour autant.
Voici les principaux indicateurs attendus pour 2025 :
- Croissance du PIB : 0,6 %
- Déficit public : autour de 6 % du PIB
- Chômage : 7,7 % fin 2025
- Investissement total : -0,5 %
Les prévisions de croissance : que disent l’Insee et la Banque de France ?
Pour l’an prochain, le scénario partagé par les grands organismes ne laisse guère de place à la surprise. L’espoir d’une reprise rapide reste hors de portée. L’Insee comme la Banque de France s’accordent sur une prévision quasi identique : 0,6 % de croissance du PIB en 2025, guère plus. La consommation des ménages, traditionnel pilier national, ne parvient plus à entraîner la machine comme auparavant.
Côté gouvernement, la note est un brin plus optimiste à 0,7 %, alors que l’OFCE reste sur 0,5 %. Qu’on se fie à l’une ou l’autre de ces prévisions, le motif reste le même : la dynamique reste molle, freinée par l’absence d’élan de l’investissement, qu’il soit privé ou public, et par la balance commerciale qui plombe la croissance à hauteur de 0,7 point en moins sur l’année.
Les hypothèses de départ diffèrent peu : un contexte énergétique stable, une inflation autour de 1 %, un taux d’épargne toujours élevé. Pour l’emploi, la pente reste descendante. Il faut s’attendre à voir plus de 200 000 suppressions nettes de postes salariés sur cinq trimestres. La France s’installe ainsi dans une phase de croissance contenue, longue et sans emballement.
Quelques repères chiffrés :
- Croissance PIB 2025 : 0,6 % (Insee, Banque de France)
- Commerce extérieur : -0,7 point de contribution
- Taux d’épargne : 18,2 %
Crises sectorielles : quels impacts sur la dynamique économique ?
Difficile de parler d’élan général lorsque l’on regarde le terrain secteur par secteur. L’industrie automobile multiplie les difficultés : demande en recul, concurrence mondiale accrue, investissements créneaux. Chiffres en main, la production fléchit et les chaînes d’approvisionnement peinent ; cette industrie qui pèse habituellement dans la croissance ne joue plus son rôle.
À cela s’ajoutent les droits de douane américains, qui injectent leur dose d’incertitude. En 2025, cela se traduirait déjà par une perte de 0,1 point de PIB, avant un éventuel effet amplifié (-0,6 point attendu en 2026 si la tendance perdure). Les secteurs ouverts à l’export risquent d’encaisser le choc sur la durée, d’autant que la riposte européenne reste incertaine à ce stade.
Mais tout n’est pas à l’arrêt. Le luxe, mené par des groupes comme LVMH ou Hermès, tire son épingle du jeu et affiche une robustesse à toute épreuve sur le CAC 40 malgré un climat politique agité. Cette résistance s’appuie notamment sur la demande internationale ; prudence cependant sur le marché américain et en Asie. Côté défense, la demande européenne propulse plusieurs groupes, avec des carnets de commandes bien remplis.
Au bout du compte, l’économie française avance à plusieurs allures. Les appuis traditionnels se fragilisent, alors que de nouveaux secteurs émergent ou confirment leur solidité. Les choix à venir pèseront lourd dans la balance.
Entre espoirs et incertitudes, à quoi pourrait ressembler 2025 ?
Au pied de 2025, la France s’avance dans la demi-lumière : la croissance du PIB est attendue à 0,6 %, la consommation progresse mais bien moins qu’avant (+0,7 %), et les grandes incertitudes restent là. L’OFCE abaisse même la prévision à 0,5 %. Le rebond économique, déjà fragile après la crise sanitaire, s’estompe derrière une réalité : malgré un pouvoir d’achat en légère hausse, la reprise s’épuise rapidement.
Les hausses de salaires réels n’ont pas rattrapé l’écart créé par l’envolée des prix. L’investissement, lui, recule de 0,5 % sur l’année : entreprises attentistes, ménages absents du marché immobilier, administrations qui serrent le robinet. L’épargne reste deux fois trop haute pour rassurer sur la confiance du moment, et le déficit public reste ancré en zone dangereuse.
Voici les trois grands axes qui devraient structurer le paysage 2025 :
- Un taux de chômage à 7,7 % annoncé fin 2025
- Un commerce extérieur qui continue de freiner la croissance (–0,7 point)
- Un déficit public qui approche 6 % du PIB, dépassant désormais l’Italie
L’ensemble de la zone euro espère bénéficier de la détente monétaire annoncée par la BCE. Mais la France, elle, avance sur une ligne de crête : croissance faible, marché du travail qui s’affaiblit (210 000 pertes d’emplois salariés attendues en cinq trimestres) et déficit structurel toujours aussi préoccupant. L’année 2026 s’affiche déjà à l’horizon, tandis que la tentation du changement se dispute au risque d’une longue stagnation. L’histoire est loin d’être écrite.