Longtemps, les fonds de private equity ont été rangés dans la case des purs calculateurs, loin des préoccupations sociétales ou environnementales. Mais le tableau a changé. L’intégration des critères ESG (environnement, social, gouvernance) n’est plus un simple argument de façade : elle s’impose comme une priorité dans la gestion et la sélection des investissements. Cette évolution témoigne d’une prise de conscience réelle, portée par une génération d’investisseurs qui ne se contentent plus de la performance brute, mais cherchent à conjuguer rentabilité et durabilité.
Les critères ESG, nouveaux moteurs du private equity
Les sociétés de gestion de private equity ne peuvent plus ignorer la dynamique ESG. Aujourd’hui, ces critères agissent comme de véritables leviers de création de valeur, et les chiffres sont là pour le prouver. Selon une enquête récente, près de 7 investisseurs sur 10 placent l’ESG au cœur de leur stratégie d’investissement, dans l’optique d’améliorer la performance à long terme des actifs sous gestion.
Les données issues de cette étude sont sans appel et illustrent l’ampleur du changement :
- Plus d’un investisseur sur deux a déjà mis un terme à une opération pour des raisons ESG au cours de l’année écoulée
- Quatre sur dix estiment que l’ESG influe sur la valorisation des actifs au moment de la cession
- Deux tiers des répondants considèrent que la création de valeur générée par l’ESG motive principalement leurs démarches
- Pour un tiers, l’ESG pèse sur la majorité de leurs transactions
- Près de 8 sur 10 font le lien entre performance ESG et perspectives de rendement
- Chez les sociétés qui gèrent plus de 10 milliards de dollars, 9 sur 10 jugent que l’ESG s’inscrit dans la logique de recherche de performance, contre 67 % pour les structures plus modestes
Au-delà des chiffres, l’intégration des critères ESG façonne aussi l’image des entreprises. Près des trois quarts des sociétés de private equity disposant de moins de 200 millions de dollars d’actifs voient dans l’ESG une manière d’améliorer leur notoriété et leur réputation. Désormais, satisfaire les attentes des investisseurs ne suffit plus : il faut aussi répondre aux exigences d’une société attentive à l’impact social et environnemental des activités économiques.
Les priorités ESG dans le secteur du private equity
La gouvernance et la réduction des émissions de gaz à effet de serre figurent désormais en tête des préoccupations des fonds de private equity, ce qui peut vous aider à faire votre choix. Quatre investisseurs sur cinq placent la question climatique au premier plan, signe d’un changement profond dans leur grille d’analyse. Côté social, la prise en compte des droits humains et des conditions de travail s’impose : 91 % des répondants les intègrent à leurs critères de sélection.
L’attention se porte aussi sur la transparence fiscale et le reporting, même si seulement un quart des sondés les mettent au sommet de leurs priorités. Cette disparité montre que le secteur avance à des rythmes différents, et que la régulation devra probablement harmoniser les pratiques.
La biodiversité progresse doucement dans les préoccupations, avec une sensibilité plus forte en France (56 % d’inquiétude, contre 39 % à l’international). La France se distingue également par l’action : trois quarts des acteurs interrogés ont déjà lancé des démarches concrètes pour réduire leur empreinte carbone.
Les fonds ne se cantonnent plus aux enjeux traditionnels. Les technologies émergentes et la cybersécurité occupent désormais une place croissante dans leurs réflexions. La prévention de la corruption et l’exigence d’éthique renforcent la confiance accordée par les partenaires, tout en consolidant la réputation du secteur.
Comment l’ESG s’invite dans chaque étape d’investissement
L’investissement responsable ne se limite pas à une déclaration d’intention : il s’incarne dans chaque phase du processus décisionnel. Les fonds appliquent des dispositifs réglementaires stricts et s’appuient sur des labels pour garantir la qualité et l’intégrité de leurs pratiques. Le label ISR, par exemple, certifie que les produits sélectionnés respectent des exigences environnementales, sociales et de gouvernance. Quant à l’impact investing, il vise à conjuguer performance financière et bénéfices tangibles pour la planète ou la société.
Panorama des régulations qui structurent l’investissement responsable
Plusieurs dispositifs encadrent l’intégration des critères ESG dans le private equity. Voici les principaux :
- Loi Énergie Climat : elle impose davantage de transparence et fixe des objectifs précis de réduction des émissions de gaz à effet de serre
- CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) : ce texte élargit les obligations de reporting extra-financier des entreprises européennes
- Loi Sapin II : elle vise à renforcer la lutte contre la corruption et à encourager la transparence fiscale
- Devoir de vigilance : ce dispositif oblige les entreprises à anticiper et à prévenir les risques d’atteinte aux droits humains et à l’environnement tout au long de leur chaîne de valeur
L’ensemble de ces régulations élève le niveau d’exigence du secteur et inscrit les critères ESG au cœur des stratégies de private equity. Aujourd’hui, près de 7 investisseurs sur 10 placent l’ESG comme priorité pour créer de la valeur, et plus de la moitié n’hésitent plus à stopper une opération si ces critères ne sont pas respectés. La mutation est profonde : elle façonne déjà les rendements futurs et redessine le paysage de l’investissement.


